Sortie: 2006
Label: The End Records
Tracklist:1 - Spill!
2 - Awful Fall
3 - Filistata
4 - A Year Of Judges
5 - So Close
6 - Tablescrap
7 - Swint? Or Slude?
8 - Mind Your Eyes
9 - Lifeless
10 - Tall Tales
11 - Push Button
12 - Gathering Fingers
13 - The Button Has Been Pushed
Vous le savez maintenant, quand j'écris une chronique c'est avant tout pour faire partager un coup de coeur, ce genre d'album qui me transporte ailleurs après m'avoir violemment foutu le cul au sol. Je ne vois pas en effet quel serait le plaisir de chroniquer un album qui m'aurait paru sans intérêt ou pire, nul à chier. C'est donc à ma petite échelle que je fais mon boulot de missionnaire du metal, toujours à l'affut de nouveautés et quand je dégote une perle, il y a fort à parier qu'elle finisse sur ces pages. Un petit coup de pouce qui ne changera certainnement pas la face du monde mais je me dis que faire un peu la promo de ces groupes talentueux, mais bien souvent trop peu connus sur ce forum, aussi modeste soit-il, ne peut pas faire de mal en cette époque de guimauve, de star ac et compagnie. Oui quelque part je cible un peu. Aucun intérêt pour moi de balancer une chronique de Metallica ou AC/DC, on en trouve partout et personne n'a besoin de moi pour ça. Je préfère de loin m'occuper d'une scène plus underground et si j'arrive à intéresser quelqu'un avec ces trucs aux noms à coucher dehors et à la musique parfois improbable, tant mieux c'est déjà ça de pris.
Je vais donc tenter de vous décrire l'univers si particulier d'un groupe américain, Stolen Babies, donc, qui officie dans un registre pour le moins torturé que l'on qualifie parfois de "circus metal".
L'artwork (signé Crab Scrambly) est en ce sens très évocateur, d'ailleurs les connaisseurs auront de suite repéré l'énorme influence burtonienne. Et ce n'est pas qu'une question d'images (ou de video, le clip ne ferait pas tache en plein milieu d'un film de Mr Burton) puisqu'à l'écoute de l'album on se sentirais presque plongé en pleine Noces Funèbres, les guitares et le chant hurlé en bonus. Bref les fans de Burton risquent fort d'être intéressés par ce mélange tout à fait réussi et complètement barré.
Musicalement ça donne quoi? Et bien difficile à décrire... Une musique tiré directement des B.O. de Burton donc, derrière un bon gros metal qui tache mais où la mélodie reste omniprésente. Une sorte de metal rageur qui serait sorti d'un stage en cabaret pourrait-on dire. L'ambiance captée est vraiment saisissante, les mélodies vous restent dans le crâne jusqu'à la migraine ("Filistata", "A Year Of Judges", "Tablescrap"...).
Dans ses aspects les plus violents, Stolen Babies fait preuve d'une fougue à toute épreuve, riffs tranchants comme des rasoirs portés par une basse au top de sa forme . Basse qui est, et c'est plutôt rare, vraiment mise en avant, vrombissante, donnant une couleur très particulière à certaines compos ("Awfull Fall"). Et c'est bien sûr sans compter le chant féminin qui offre des parties hardcore du plus bel effet, très impressionnantes ("Spill!" est une introduction pour le moins surprenante!) en contraste total avec le chant clair, sombre et posé tel une incantation maléfique, "vénéneux" pour reprendre une expression si chère à un jury d'une émission de M6.
Pour le reste, imaginez une sorte de rock barré auxquels s'ajouteraient divers instruments improbables tel un accordéon sur certains morceaux, une petite touche electro/indus ainsi qu'une bonne dose de folie et toujours cette basse qui attend patiemment dans l'ombre le moment venu pour vous exploser à la gueule, à grands renforts de chant saturé à en faire frémir le plus endurci des rockers. Notons également la performance du batteur (qui officie depuis avec The Dillinger Escape Plan) qui s'il ne martelle pas ses futs à toute vitesse, n'en a pas moins un jeu très technique.
Ce qui est vraiment surprenant sur cet album, c'est la façon dont les américains maitrisent leur musique sur le bout des doigts. Ils l'emmènent dans n'importe quelle direction, cassant les compos d'un coup sec derrière la nuque pour mieux repartir dans un univers totalement opposé, peu importe ça passe toujours comme une lettre à la poste et promet de bien belles surprises à l'auditeur. On ne s'ennuie pas une seconde avec Stolen Babies, on se balade dans les rues sombres et dangereuses, des monstres tapis à chaque intersection avant de se retrouver en pleine fête foraine avec femmes à barbe et Rob Zombie en special guest. L'instant d'après une fanfare revenue d'outre tombe vous exprime sa mélancolie avant de vous emmener dans un headbanging sauvage.
Les points forts? C'est encore une fois assez difficile à dire, chaque morceau étant suffisamment travaillé pour avoir sa personnalité propre. Y compris la ballade beaucoup plus accessible "Lifeless". Le point fort de l'album finalement c'est l'album lui même. Un album ultra travaillé, un souci du détail inégalé, de la pure magie en boite!